Mar 23

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Aujourd’hui nous recevons Laurent Caudal, de la société Yellogarden, pour l’interview hebdomadaire “Les Nouvelles Tendances”. Dans ces dernières, nous revenons sur les entreprises de demain qui proposent des solutions innovantes.

Laurent Caudal est un entrepreneur qui a débuté sa carrière professionnelle en tant que consultant en création d’entreprise. Après un DESS en économie-gestion, il a ensuite travaillé 12 ans pour de grands groupes comme PSA, Cap Gemini et Canal+. Titulaire d’un BTS paysagiste, il a voulu marier son expérience de l’entreprise et sa passion pour le végétal. Ainsi est né Yellogarden.

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  • Pouvez-vous nous expliquer plus précisément le but de Yellogarden ?

La mission de Yellogarden est de reconnecter les gens qui vivent en ville avec le végétal à travers le potager. L’idée est d’installer des jardins sur des toits d’immeubles, les pieds de bâtiments ou sur les terrasses. Notre objectif est de créer du bien-être individuel et collectif grâce au végétal. Notre clientèle principale actuelle est celle des entreprises. A moyen terme, nous souhaitons également travailler en collaboration avec des promoteurs immobiliers sur des projets immobiliers neufs.

  • Comment décririez-vous le marché sur lequel vous évoluez ?

Nous évoluons sur un marché qui s’inscrit dans la tendance de l’agriculture urbaine et de la Ville du futur, dont la végétalisation devient un élément central. C’est une tendance que l’on observe déjà en Amérique du Nord, en Europe et dans les grandes métropoles asiatiques. Une étude menée en 2014 par la Chaire Immobilier et Développement Durable de l’ESSEC auprès d’un échantillon de 1000 étudiants français, a montré que pour 62% d’entre eux, une ville intelligente était en harmonie avec son environnement naturel. Cela venait devant l’accès à la technologie et à l’ultra connexion puisque seuls 19% d’entre eux mettaient en avant cet aspect. Nous sommes donc face à une demande très forte de la part de jeunes citadins qui ont très bien intégré les enjeux l’environnementaux. La tendance va prendre de l’ampleur puisqu’on estime qu’en 2050, 80% de la population mondiale vivra en ville.

Pour soutenir cela, nous constatons la mise en place de politiques ambitieuses de la part de nombreuses grandes agglomérations au niveau mondial. Ainsi, la Ville de Paris a pour objectif la végétalisation de 100 hectares de toits d’ici 2020, dont 30 hectares en production maraîchère ou potagère.

  • Quel est votre principal concurrent ? Et comment vous situez-vous par rapport à lui ?

Il y a 3 ans, le marché n’existait pas en France. Il était composé de quelques acteurs, très majoritairement associatifs et sur des modèles anciens comme les jardins ouvriers ou partagés. Aujourd’hui, sous l’impulsion des nouveaux modes de consommation et des encouragements des pouvoirs publics, les ambitions en termes de végétalisation sont revues à la hausse. On constate donc l’émergence de diverses expériences qui se développent soit sur un modèle associatif, soit sur un modèle entrepreneurial. Le marché est très atomisé et il est difficile aujourd’hui de dire qu’un concurrent a pris beaucoup d’avance par rapport aux autres. Néanmoins, des acteurs plus anciens, de taille importante et ayant déjà un nombre élevé de clients, comme les Jardins de Gally, se positionnent naturellement sur ce segment d’activité.

Notre parti pris, pour nous différencier repose sur 3 piliers :

  • L’accompagnement au jardinage
  • L’esthétique
  • L’innovation (technique et dans les usages)
  • Quelle est votre grande différence par rapport à eux ? Votre valeur ajoutée ?

L’offre de Yellogarden, c’est à la fois la conception et l’installation de jardins paysagers, de potagers comestibles. Ce qui va nous différencier de la concurrence, c’est l’accompagnement que nous mettons en place avec plusieurs types de suivis pour nos clients. De manière classique, il y a l’entretien mais aussi un accompagnement des jardiniers à travers du coaching. Cela peut aller un peu plus loin en fournissant des cours autour de la nourriture et de la préparation des repas. Nos clients actuels sont principalement des entreprises avec qui nous organisons un coaching des salariés à travers le jardin pendant plusieurs années et avec lesquels nous organisons des repas d’équipes autour des récoltes.

Notre valeur ajoutée est de très bien connaître le fonctionnement et les problématiques des entreprises de toutes tailles et de pouvoir apporter des solutions sur mesure qui dépassent l’aspect purement végétal.

  • Quel est votre modèle économique ?

Notre modèle économique est simple. Nous vendons en one shot la conception et la réalisation des espaces. Nous vendons ensuite des forfaits d’accompagnement annuels, intégrant l’apport régulier de végétaux, le coaching en jardinage et l’organisation d’évènements autour des récoltes. Cette récurrence nous permet à la fois d’apporter un très bon service à nos clients et de nous donner de la visibilité dans le temps afin de croître de façon pérenne.

  • Qui sont vos clients ?

Les clients principaux de Yellogarden sont actuellement la régie Immobilière de la Ville de Paris et Bouygues Construction. Nous sommes par ailleurs en discussion avancée avec des grands groupes bancaires, de la construction et des médias.

  • Comment présentez-vous votre offre auprès de ces grands groupes ? Que mettez-vous en avant ?

Ce que nous voulons mettre en avant, c’est l’aspect « bien-être » pour les salariés. Nous travaillons bien sûr sur l’axe « biodiversié » qui est pour nous un élément de base, mais nous considérons que cela ne saurait suffire dans un contexte urbain dense. Nous travaillons donc sur l’aspect « biophilie », c’est-à-dire le bien-être que provoque le végétal sur l’Homme de manière naturelle et qui augmente la créativité. Il a été démontré par des scientifiques que le simple fait d’avoir une vue à l’extérieur sur de la végétalisation provoquait une sensation de bien-être. Quand en plus il y a un contact direct avec le végétal, cet effet est fortement amplifié. L’autre côté positif est de renforcer les liens entre les salariés à travers la responsabilité d’un espace commun et le partage.

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  • Selon vous, quels sont les principales problématiques et les principaux enjeux auxquels votre marché doit faire face ?

Notre activité est une innovation d’usage. Notre premier enjeu est de convaincre les acteurs ou les entreprises à adopter notre solution. Esuite, l’autre grande difficulté se trouve dans la recherche des compétences. Nous évoluons dans une activité qui demande des expertises dans des domaines variés qui ne sont habituellement pas en lien : l’agronomie, le paysagisme, les ressources humaines, le management et la RSE. Nous devons donc trouver un cercle vertueux pour que toutes ces parties prenantes trouvent toute leur place dans notre projet.

  • Quel est le principal problème dans le développement de votre société et comment pensez-vous le résoudre ? et votre principal atout ?

Le principal problème que nous rencontrons, ce sont les processus de décision des entreprises qui sont assez longs. La visibilité à moyen terme est donc limitée. Pour le résoudre, il faudrait que Yellogarden lève des fonds pour se développer au niveau des aspects marketing produit et commerciaux. Nous avons également dans nos cartons des idées de développement de produits innovants qui nécessiteraient des ressources er R&D.

  • Comment vous voyez-vous dans plusieurs années ? en termes de clients, financement ?

D’ici 5 ans, notre ambition est de pouvoir étendre Yellogarden au niveau national, sachant que nous avons déjà une personne dans la région de Marseille / Aix-en-Provence et que nous avons des projets en cours à Lyon. Avec une vingtaine de clients, notre activité deviendra très vite rentable.

Nous tenons à remercier Laurent Caudal pour son temps lors de la réalisation de cette interview.

Propos recueillis par l’équipe BulldozAIR, créatrice d’Apéro Chantier et de la plateforme collaborative BulldozAIR.

 

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